FROM PAUL TO PAUL

Maxime Flatry évoque avec nous l’ exposition en cours dans sa galerie, qui réunit Paul Dupré Lafon, architecte et designer, figure de la période Art Déco qui a développé en son temps une vision unique du luxe et Paul Mc Carthy, photographe et plasticien contemporain souvent controversé, dans un dialogue surprenant et enthousiasmant !

Maxime , qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’associer dans cette exposition les photos de Paul Mc Carthy avec le mobilier de Paul Dupré Lafon ?

Juste avant l’été, j’ai réussi à réunir une dizaine de pièces de Paul Dupré Lafon, un décorateur que j’avais encore très peu montré à la galerie et pour qui j’avais bien sûr l’intention de faire une exposition. Au même moment, j’ai aidé un ami collectionneur à acquérir deux photographies de Paul McCarthy, qui est un artiste contemporain que j’aime beaucoup. Pour me remercier, cet ami m’a proposé de me prêter les cinq photographies de sa collection et j’ai tout de suite eu envie de les intégrer à mon exposition. Paris+, le Mois de la Photo arrivaient et j’ai pensé qu’il était intéressant de montrer au public et aux collectionneurs que le mobilier des années 30 pouvait parfaitement cohabiter avec l’art contemporain. Les collectionneurs pensent souvent que l’art contemporain se marie bien avec du mobilier post-cinquante, j’ai voulu leur prouver le contraire et j’espère que c’est un pari réussi !

Ce sont deux personnalités et deux esthétiques très différentes de l’histoire de l’art et des arts décoratifs que tu montres ensemble ?

Paul Dupré Lafon est vraiment un créateur de mobilier luxueux, qu’il créait pour une clientèle très prestigieuse. Il collaborait notamment avec Hermès pour les cuirs comme sur le lit, également habillé de parchemin et le valet de nuit en chêne avec des détails en bronze. Dans la période Art Déco il y a deux grands courants, les classiques comme André Groult, que j’adore et que je montre dès que je le peux et les modernes comme Dupré Lafon que je présente plus rarement. Rompant avec les figures Art Déco précédentes, il a introduit dans ses créations une sorte de géométrie sage et angulaire mêlant l’élégance moderniste à la recherche du confort. Paul McCarthy, lui, est transgressif c’est vrai, et crée même parfois la polémique. Ils ne parlent pas le même langage mais le dialogue fonctionne très bien.

D’ailleurs, lorsqu’on entre dans la galerie, les photographies de Paul McCarthy se révèlent beaucoup plus consensuelles qu’elles ne le sont réellement ?

Exactement. J’ai cette image : C’est comme si on entendait une poésie, un chant qui n’est dit qu’avec des gros mots ! Visuellement si tu t’attardes sur chaque élément ça peut être grossier, c’est un peu violent, mais si tu écoutes juste la mélodie des choses, c’est très agréable. Je pense que leur terrain d’entente est la forme et la couleur qui créent une sorte de langage commun, très homogène, auquel on aurait pu ne pas s’attendre mais qui se révèle évident pour moi dans cette scénographie.

Cet ensemble de mobilier de Paul Dupré Lafon est quand même exceptionnel ?

Quelques-unes de ces pièces, comme le lit, sont en effet vraiment majeures.

Comment avez-vous fait pour réunir un ensembles de pièces aussi important ?

C’est la magie du métier ! On trouve une pièce, puis une deuxième, cela crée une paire, puis une troisième arrive …  Pierre Bergé disait que c’était ça le début d’une collection. C’est un mélange de chance, de magie et de volonté !

Exposition jusqu’au 25 novembre 2023

Galerie Maxime Flatry