Hélène Nepomiatzi

Styliste et designer, Hélène Nepomiatzi a fait de l’accessoire et de la matière ses champs d’exploration favoris. Le sac d’abord, très vite devenu un sac-objet avec sa marque 31 février créée en 1987, mais aussi lors de collaborations avec Karl Lagerfeld ou Thierry Mugler, pour redevenir plus traditionnel chez Céline ou Chloé. Depuis 2015, elle crée aussi des objets auxquels elle insuffle toute sa fantaisie chez petit H pour Hermès, du bureau mural à l’épouvantail de Salon. Aujourd’hui ce sont des créations signées sous sa marque éponyme qu’elle nous présente, avec une lampe et des miroirs qui viennent compléter cette collection pleine de poésie. Et de nouveaux sacs évidemment !

Hélène, cette lampe Pompon est un objet très féminin ?

Oui, elle ressemble un peu à une jupe de femme, on a envie de jouer avec ses franges de couleur, elle a un côté très tactile, presque sensuel. J’avais très envie de créer un luminaire mais en utilisant le cuir, ma matière de prédilection. Je travaille en ce moment sur l’idée d’un lampadaire mais il me faut trouver de très grandes pièces de cuir pour les franges, comme je l’ai fait pour mon Corridor à franges, une pièce que j’ai créée pour servir de séparation ou de cloison avec quatre couleurs de cuir qui se mélangent entre elles d’une manière qu’on peut aussi trouver sensuelle.

Toutes vos créations sont réalisées à la main ?

Oui, que ce soient mes sacs ou mes objets, lampe, miroirs, tableaux à poches, ils sont tous entièrement fabriqués à la main en Touraine.

Le choix du cuir est une chose importante ?

Sa qualité et sa provenance sont essentielles. Que ce soit pour mes collaborations ou pour mon travail personnel, je ne transige pas là-dessus. La plupart du temps je rachète des stocks à de grandes maisons.

Quand vous travaillez pour petit H vous utilisez exclusivement des cuirs Hermès ?

Oui mais pas seulement, je peux travailler avec toutes les matières d’Hermès : la dernière pièce que j’ai créée, le sac Casaque est en silky pop, une soie imperméabilisée. Chaque pièce est unique, avec d’un côté un chiffre, de l’autre un motif et c’est entièrement réversible.

Vous mélangez l’ADN d’Hermès et le vôtre dans ces collections ?

Oui, chaque designer est libre de réinterpréter les matériaux de la Maison. Nous avons vraiment carte blanche et à chaque fois c’est l’occasion pour nous de rencontrer un artisan qui va créer la pièce de bout en bout. On peut profiter de tous les artisanats d’art utilisés par Hermès et c’est merveilleux ! Leurs scénographies sont aussi extrêmement créatives.

Récemment vous avez aussi collaboré récemment avec Mark Cross, une autre grande Maison, mais new yorkaise celle-ci ?

Oui, pour un très beau projet. C’est une maison très ancienne, ce sont eux qui ont créé le sac de Grace Kelly dans le film « Fenêtre sur cour » d’Alfred Hitchcock. Ils m’ont demandé de travailler sur ce thème pour une nouvelle collection de sacs et j’ai adoré le réinterpréter dans un esprit qui nous est contemporain.

Quand on a carte blanche avec une grande Maison, comment travaille t’-on ?

J’ai l’habitude de me cadrer, d’avoir un budget et je n’aime pas faire des prototypes qui ne serviront jamais. On discute donc beaucoup, je fais des maquettes et les choses se passent de manière très fluide.

Vos modèles de sacs sont toujours très chic mais parfois aussi très originaux ?

J’ai commencé au début des années 90 en créant une marque, 31 Février, qui n’existe plus. C’était une période un peu folle dans la mode, à la fois minimaliste et très inventive. Dans cet accessoire, j’aime à la fois la forme et la fonction. Je n’ai pas appris à travailler le cuir, je suis styliste, mais j’ai toujours eu une prédilection pour cette matière. Je la mélange parfois avec la toile et dès le début j’ai eu envie d’utiliser des accessoires ou des matériaux que je récupérais ici et là.

J’aime expérimenter plein de choses. Pour mon dernier modèle j’avais envie de travailler le taurillon en mettant en avant la matière, sa souplesse, sa légèreté. J’ai aussi créé des tote bags Masculin/féminin, sur lesquels j’ai appliqué du cuir avec un embossage qu’on peut personnaliser avec le dessin mais aussi la matière, en utilisant l’argent par exemple.

On trouve vos créations sur votre site web ou lors des ventes éphémères que vous organisez régulièrement dans des lieux exceptionnels ?

Je veux rester dans un univers un peu exclusif et confidentiel, a contrario de l’uniformisation que l’on subit un peu dans la mode. Je crois que c’est un mouvement qui va se développer de plus en plus. On va revenir à des choses plus qualitatives, tant pour les matières que pour la fabrication ou la création.

Crédit photos : Morgane Le Gall

HELENE NEPOMIATZI