Histoire d’une Galerie
2024 marque le centième anniversaire de la galerie Larock-Granoff, sans doute la plus ancienne galerie parisienne encore en activité, aujourd’hui représentée par la 4ème génération de marchands.
Lorsque Katia Granoff invente son métier de marchand d’art en 1924 et crée ce lieu unique, elle parie déjà sur ceux qui feront l’histoire de l’art moderne. Les choix qu’elle fait alors ont inscrit ces artistes majeurs dans l’histoire, tant leurs œuvres sont des chefs-d’œuvre. Défenseuse de l’œuvre poétique de Marc Chagall dont elle est la première à comprendre l’importance en ce début du XXe siècle, elle expose l’art vivant de son temps et s’impose rapidement comme l’une des marchandes les plus puissantes et les plus suivies de Paris.
La galerie présente ainsi un ensemble d’artistes du XXe siècle de Claude Monet, dont elle est l’artisane de la redécouverte de l’œuvre en France et dans le monde à partir des années 1950, à Marc Chagall, en passant par Amédée Ozenfant, Othon Friesz, Jean Messagier jusqu’à de jeunes peintres contemporains. Katia Granoff défend avec ferveur les Russes de l’École de Paris, exilés comme elle de cet Empire russe qui les pourchasse. Aux côtés de Chagall, elle expose Chaïm Soutine Emmanuel Mané-Katz, Michel Kikoïne, Chana Orloff…
En quelque sorte une petite histoire de l’Art du XXe siècle. Dans les années 50, Katia Granoff a un vrai coup de foudre pour l’impressionnisme normand et l’École de Rouen, la galerie s’installe alors aussi à Honfleur, sur le Vieux Bassin et y présente des peintres comme Othon Friesz, Charles Angrand, Jacques Bouyssou ….
Mue par sa passion inextinguible pour l’art, Katia Granoff redéfinit le métier de marchand au XXe siècle ; sa galerie est un lieu de rencontres, d’échanges intellectuels et artistiques, elle s’adonne également avec brio à la poésie et à la traduction des grands poètes russes. Ses nombreux ouvrages furent récompensés par des prix prestigieux.
Mécène assidue, elle lègue tout au long de sa vie des œuvres majeures aux musées français et à l’international. À sa mort en 1989, sa galerie est reprise par son neveu, Pierre Larock, puis par ses arrière-petits-neveux, Marc et Édouard Larock, qui s’attachent à faire un travail de mémoire, de transmission et de témoignage de l’ensemble du travail réalisé par cette femme d’exception et perpétuent la tradition de mécénat et de défense de l’art de leur temps de Katia Granoff.