Marcel Duchamp
L’art d’être à l’étroit

Troisième exposition que la galerie consacre à Duchamp, cette présentation, mêlant ready-mades, dessins, enregistrements sonores, éditions et pièces rarement montrées, s’inscrit dans une actualité plus large, en écho aux grandes rétrospectives prévues en 2026–2027 au MoMA, au Philadelphia Museum of Art et au Centre Pompidou – Grand Palais.

On y retrouve plusieurs pièces centrales de la constellation duchampienne : la Boîte Kodak de 1914, la Boîte verte, la Boîte en valise, autant de fragments qui condensent, déplacent et recomposent. Quelques pièces incontournables jalonnent le parcours — Le Peigne, Air de Paris, trois versions différentes de L.H.O.O.Q. — ainsi qu’un rare ensemble de travaux sur papier : la première esquisse pour les Tamis du Grand Verre, un rare chèque signé de 1963, ainsi qu’une caricature de jeunesse, grinçante et ambiguë (Ni homme, ni femme, pas même Auvergnat), où surgit pour la première fois une figure androgyne — comme une préfiguration de Rrose Sélavy.

Conçue comme une rétrospective en réduction, l’exposition ne cherche ni à démontrer ni à rassembler, mais à illustrer quelques fragments essentiels d’un artiste qui n’a cessé de brouiller les lignes entre l’auteur, l’œuvre et sa reproductibilité. Organiser une rétrospective dans l’intimité de la galerie du 36 rue Jacob revient à rejouer le geste de la Boîte-en-valise : ce n’est pas l’œuvre dans son ensemble que l’on tente de faire tenir dans un espace restreint, mais un condensé de ses gestes, de sa pensée et de ses techniques.
