, ,

CENT ANS d’Art Déco

1925-2025

Né dans les années 1910 dans le sillage des réflexions européennes sur l’ornementation, l’Art déco puise dans les recherches de l’Art nouveau. Il se développe pleinement dans les années 1920 et se distingue par une esthétique structurée, géométrique, élégante, qui allie modernité et préciosité.

Ses formes séduisent les décorateurs, architectes et fabricants d’alors, mais restent souvent réservées aux catégories sociales aisées, du fait du coût élevé des matériaux et de la finesse des techniques mises en place à cette époque. L’Art déco incarne une période foisonnante, marquée par une soif de nouveauté, de vitesse, de liberté. Il touche tous les domaines de la création : mobilier, mode, joaillerie, arts graphiques, architecture, transports… L’exposition revient ainsi sur les différentes tendances de l’Art déco, entre l’abstraction géométrique affirmée de Sonia Delaunay et Robert Mallet‑Stevens, l’épure formelle de Georges Bastard et Eugène Printz, ou encore le goût du décoratif de Clément Mère et Albert‑Armand Rateau.

Le musée des Arts décoratifs a joué un rôle central dans la reconnaissance de l’Art déco dès ses débuts, en accueillant les salons de la Société des Artistes décorateurs et en constituant une collection d’une richesse exceptionnelle. L’exposition « 1925‑2025. Cent ans d’Art déco » puise dans ce fonds remarquable, enrichi d’œuvres prêtées par de grandes institutions et collections privées, pour présenter des pièces emblématiques : le chiffonnier en galuchat d’André Groult, les créations raffinées de Jacques‑Émile Ruhlmann, ou encore le spectaculaire bureau‑bibliothèque de Pierre Chareau conçu pour l’Ambassade française, réinstallé à cette occasion. Trois créateurs phares – Jacques‑Émile Ruhlmann, Eileen Gray et Jean‑Michel Frank – y sont mis en lumière, incarnant chacun une facette singulière de l’Art déco.

Dès la fin des années 1960, le musée s’impose aussi comme un pionnier dans la redécouverte du style, notamment avec l’exposition « Les Années 25 », qui a ravivé l’intérêt du public et des spécialistes. Ce renouveau se poursuit dans les décennies suivantes, porté dans les années 1970 par des figures majeures comme Yves Saint Laurent, passionné d’Art déco, et son complice le décorateur Jacques Grange à qui le musée offre une carte blanche au sein de l’exposition.

Organisée selon un vaste parcours chronologique et thématique qui se déploie dans la nef et dans les galeries aux 2e et 3e étages du musée, l’exposition retrace les origines, l’apogée, le développement et les réinterprétations contemporaines de l’Art déco. Elle révèle la richesse et l’actualité d’un mouvement en constante évolution, à travers plus de mille œuvres.

Tous les domaines de la création artistique et de la décoration sont présentés. Les remarquables laques de Jean Dunand côtoient les verreries de François Décorchemont, la tabletterie, les arts de la table, ou encore la bijouterie, illustrée par des pièces à la modernité saisissante, notamment une série de broches de Raymond Templier et de Jean Desprès. Le rôle fondamental du dessin est mis en lumière à travers des projets décoratifs, d’architecture intérieure et de mobilier, notamment les dessins de Groult pour la chambre de Madame dans le pavillon de l’Ambassade française, qui dialoguent avec le chiffonnier qui en est l’un des rares vestiges. L’univers de la mode et des arts textiles est représenté par la cape de Marguerite Pangon, la robe aux petits chevaux de Madeleine Vionnet, une veste réalisée par Sonia Delaunay, une robe de Jeanne Lanvin mais aussi des dessins de textiles et des projets de vitrines de magasi

Symbole du voyage raffiné et du savoir‑ faire français, l’Orient Express connaît son âge d’or dans les années 1920. Décoré par de grands artistes comme René Prou ou René et Suzanne Lalique, il devient un manifeste roulant de l’esthétique Art déco. Cent ans plus tard, ce mythe renaît. L’exposition dévoile en exclusivité, dans la Nef du musée, des maquettes d’intérieur grandeur nature du futur Orient Express, réinventées par le directeur artistique Maxime d’Angeac, dialoguant avec une cabine Art déco de 1926 provenant des collections du musée. Puisant dans l’héritage du style et l’univers des métiers d’art, son projet fusionne artisanat d’excellence, innovation technologiques et design contemporain pour inventer le train du XXIe siècle. En 2025 comme en 1925, l’Art déco inspire un luxe tourné vers l’avenir.

Un ensemble exceptionnel de pièces de la maison Cartier présentées pour certaines, pour la première fois en dialogue avec les collections du musée, permet de mesurer l’impact de ce style dans le domaine de la joaillerie. Plus de 80 objets – colliers, diadèmes, boîtes, montres, nécessaires, dessins et documents d’archives – illustrent l’inventivité formelle et la richesse symbolique des créations de la maison. Entre géométrie rigoureuse et sensualité des matières, motifs inspirés de l’Orient et innovation technique, ces pièces incarnent l’esthétique du luxe Art déco, tout en reflétant l’évolution des goûts d’une clientèle internationale cosmopolite, à la recherche de distinction et de modernité. Un siècle après son émergence, l’Art déco continue d’inspirer par sa modernité, son élégance et sa liberté de formes. En croisant les regards d’hier et d’aujourd’hui, l’exposition montre combien ce mouvement reste vivant, en résonance avec les questionnements esthétiques et les savoir‑faire contemporains. Plus qu’un hommage au passé, elle invite à repenser l’Art déco comme une source toujours féconde de création et d’innovation.

du 22 octobre 2025 au 26 avril 2026

MAD Paris

107 rue de Rivoli 75001 Paris