Mythes
Simon Porte Jacquemus – Galerie Dina Vierny – Galerie Chenel

Cette première collaboration entre la Galerie Chenel, la Galerie Dina Vierny et Simon Porte Jacquemus en tant que commissaire d’exposition orchestre un dialogue entre l’antique, le sculpté et le quotidien. L’installation révèle une résonance commune entre ligne, volume et présence humaine. C’est une conversation à travers le temps : de la terre cuite et des marbres d’Olympie qui inspirèrent Maillol, à ses bronzes de petit format, jusqu’aux drapés structurés des vêtements Jacquemus. En chacun se trouvent à la fois l’allégorie et le monument. La continuité est palpable : l’antique nourrit Maillol, et Maillol, à son tour, nourrit le travail de Simon Porte Jacquemus.

A l’origine de tout repose la sculpture antique, ce point d’origine inépuisable. Ces marbres ont offert aux générations qui suivirent un langage de mesure. Ils sont la discipline par laquelle la nature a pu être distillée en mythe et, pour Simon Porte Jacquemus, ils sont la géométrie qui soutient la prestance d’une silhouette.

Aristide Maillol consacra sa vie à la quête de l’harmonie, transformant la nature en mythe pour réaffirmer la poésie
et la vitalité de l’existence terrestre. Fervent admirateur des anciens, il puisa dans l’art égyptien, la sculpture grecque archaïque et classique, tout en cherchant à créer ex nihilo. Ses nus sont réduits à l’essentiel : figures méditerranéennes robustes, taille courte, poitrine dressée, hanches puissantes, révélant un sens aigu de la mesure et de la stasis. Un classicisme serein, animé d’une vitalité rustique. Comme Maillol, Simon Porte Jacquemus associe à la vertu du classique l’innocence du primitif.

Tous deux trouvent dans l’antique non pas nostalgie mais une structure pour inventer, une base sur laquelle édifier
leurs propres mythologies. Les sculptures antiques donnèrent à Maillol une discipline, une manière de ramener la figure humaine à ses proportions les plus primordiales. Chez Simon Porte Jacquemus, l’écho est plus subtil mais non moins insistant : ses vêtements empruntent l’économie de ces mêmes lignes, montrant que la simplicité, lorsqu’elle est justement mesurée, peut incarner toute l’élégance, tout comme le canon de Polyclète l’avait autrefois inscrit dans la pierre.
Cette sensibilité aux proportions, à l’harmonie entre la présence humaine et la forme élémentaire, trouve une expression renouvelée chez Simon Porte Jacquemus. Ses vêtements sont sculpturaux eux aussi, voire architecturaux, articulés et drapés avec la même attention que les maîtres de l’Antiquités et Maillol portaient sur le corps humain. « Le paysan », figure de la campagne, réapparaît chez l’un comme chez l’autre : dans la mode de Simon Porte Jacquemus, à travers des vêtements d’une simplicité trompeuse ; et dans l’atelier de Maillol avec le type physique qu’il cherchait à éterniser. C’est dans la scénographie de l’exposition, conçue comme une suite de scènes évocatrices de la poésie de la vie quotidienne, que ces affinités se déploient, donnant à l’harmonie des figures et des gestes une intimité vivante, presque cinématographique.



