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François-Xavier et Claude Lalanne

Histoires Naturelles

Dation au Musée des Arts Décoratifs

Le Musée des Arts Décoratifs accueille dans ses collections 16 œuvres majeures et 38 dessins du couple d’artistes français Claude et François-Xavier Lalanne, à l’occasion d’une dation exceptionnelle menée à bien en 2021. Afin de célébrer cet évènement, l’exposition « Histoires naturelles. Dation François-Xavier et Claude Lalanne au Musée des Arts Décoratifs » se tient dans la nef du musée.

Présenté en regard d’œuvres des deux artistes déjà conservées dans les collections du musée, mais également de quelques pièces « clin d’œil » plus historiques, dont le célèbre hippopotame en faïence bleue des collections égyptiennes du musée du Louvre, l’ensemble se penche sur près de 60 années de création, des années 1960 à 2019.

Sculpteurs inclassables, ne formant qu’un aux yeux du public, le couple formé par Claude et François-Xavier Lalanne est connu pour avoir fait de la nature et des animaux l’inspiration de leurs créations. De ces œuvres souvent hybrides naissent l’émotion, l’étonnement, l’amusement, une poésie nourrie de surréalisme, une vision artistique guidée par le jeu sur les mots, les formes et les matières. À cette liberté, ils jouent aussi de la hiérarchie des arts de manière pionnière, offrant des usages inédits à leur sculptures magistrales. Si les collections publiques françaises en présentent dorénavant des exemples d’exception, à travers cette dation notamment, la portée internationale de leur carrière a amené nombre de leurs œuvres à figurer dans d’importantes collections particulières à travers le monde.

Si chacun a eu son parcours, son imaginaire, ses modes d’expression, tous deux ont partagé une philosophie qui cimente leurs vies comme leurs œuvres, solidement enracinée dans une connaissance de l’art et des autres artistes jamais prise à défaut, dans une curiosité passionnée pour leur époque comme pour le passé, qu’expriment à merveille l’admiration de François-Xavier pour l’Égypte antique ou l’œuvre de Brancusi, son voisin de l’impasse Ronsin, l’émerveillement de Claude pour l’Art nouveau et les beautés végétales du Japon, leur goût du rêve et des utopies, têtes habitables ou paysages infinis, et leurs solides amitiés, d’Émile Aillaud à Yves Saint Laurent, de Max Ernst à Niki de Saint-Phalle ou Daniel Spoerri. Tous les admiraient comme les artistes véritables qu’ils étaient déjà, et au fil des œuvres exposées dans la nef du musée, c’est un pan entier de l’histoire des arts qui se dévoile et se raconte, à nouveau.

En France, le Musée des Arts Décoratifs conserve ainsi quelques pièces de grande qualité embrassant l’art et la carrière des Lalanne : le collier Bouche en or, un sautoir Ronces, un couvert en argent du service dit Iolas de Claude Lalanne mais également le secrétaire Deuxième Rhinocéros, chef-d’œuvre de François-Xavier Lalanne, ainsi qu’un banc Crocodile de Claude Lalanne. Dans l’allée centrale de la nef, le parcours de cette exposition s’articule autour des 16 pièces issues de la dation qui mêlent œuvres uniques, jalons historiques de leur carrière, et créations que les éditions ont rendu fameuses, en parfait adéquation avec l’identité et l’histoire même des collections du Musée des Arts Décoratifs, « du beau dans l’utile ». Disposées sur des podiums en damier dans une scénographie minimaliste, elles dialoguent avec des œuvres du musée, représentatives de l’univers artistique des deux créateurs, mobilier et objets d’arts.

Sur les 16 œuvres du nouveau corpus, 9 sont dues à François-Xavier Lalanne parmi lesquelles, deux œuvres uniques : La Mouche (1966-1967) et l’Hippopotame I (1968-1969), qui renferme un lavabo et une baignoire. Ces deux pièces dénotent d’emblée les caractéristiques fortes du travail de François-Xavier Lalanne, son inscription dans l’histoire de la sculpture, le goût du monumental, et un sens certain de la poésie et de l’humour.

La dation comprend aussi ses projets autour des Têtes habitables (datant du début des années 1970) dont deux maquettes, qui témoignent d’une réflexion née de projets de collaboration avec l’architecte Émile Aillaud, mais aussi des dessins d’études ou des sculptures plus emblématiques comme le Singe avisé (2010).

Un ensemble de la série des Nouveaux moutons (2008) évoque la suite logique de ses recherches reprenant le principe des troupeaux en laine en les adaptant à un usage extérieur, un sujet de réflexion majeur de la fin de sa carrière, lorsqu’il se passionne pour l’art des jardins.

Les 7 œuvres de Claude Lalanne rappellent quant à elles son ambition de sculptrice. Cette empreinte artistique montre combien, dans son esprit comme dans sa pratique, le sens de l’objet se détache du pur décoratif, à l’instar des pièces du mobilier Ginkgo (2010-2018) composé d’une table, d’une banquette et une paire de chaises qui font écho aux prospections esthétiques du XIXe siècle et de l’Art nouveau, comme à l’imagination libre et surréaliste d’un Emilio Terry.

L’artiste, nourrie de surréalisme mais aussi d’une vaste culture artistique, créé l’Homme à la tête de chou (1968) qui inspira Serge Gainsbourg à la fin des années 1960, mais également le Choupatte (2019), ainsi que la Pomme (2015). Plusieurs dessins préparatoires et croquis pour des œuvres clés, comme l’Âne attelé, le Canard, mais aussi l’Hippopotame de François-Xavier Lalanne et des études pour les couverts de Claude Lalanne, complètent l’ensemble. Cette exposition offre au public une vision historique et harmonieuse de l’œuvre d’un couple devenu mythique et pour qui l’engouement médiatique connaît une ampleur sans précédent.

du 14 avril au 29 mai 2022

MAD

107 Rue de Rivoli 75001 Paris