MODERNITE du DESIGN BRESILIEN de 1950 à 1980
Jose Zanine Caldas (1919-2001), siège de conversation «Namoradeira» en pequi massif, conçu par le designer pour sa propriété à Joatinga près de Rio de Janeiro, vers 1965. Signé «Zanine» deux fois à la base et de chaque côté du fauteuil. © Agence Phar – J. Beylard et V. Luc
Jusqu’ici, la galerie Chastel-Maréchal se consacrait principalement aux grands noms du design français des années 1930 à 1970 comme Line Vautrin, Jean Royère, Serge Roche, Georges Jouve ou encore André Arbus. Aujourd’hui, sa fondatrice Aline Chastel présente pour la première fois les grands noms du design moderne brésilien.
Sept grands architectes et designers brésiliens de la seconde moitié du 20 siècle : Jose Zanine Caldas, Joaquim Tenreiro, le duo Carlo Hauner et Martin Eisler, Jorge Zalszupin, Sergio Rodrigues et Giuseppe Scapinelli. Inspirés par le vent de modernité apporté par Oscar Niemeyer, des designers tels Joaquim Tenreiro et Sergio Rodrigues se sont éloignés des meubles de style indo-portugais pour créer des meubles aux lignes fluides et élégantes, adaptées aux intérieurs modernes, sans pour autant renier leur identité brésilienne et leurs influences étrangères, bien au contraire. Les architectes et designers brésiliens ont très tôt mis en œuvre leur idée de la modernité, novatrice et audacieuse, résultant d’idéaux sociaux forts. La singularité esthétique et technique de leur travail repose notamment sur les bois qu’ils utilisent, le jacaranda, le pequi, le peroba, l’imbuia, le juerana et le vinhatico : denses, résistants et néanmoins légers.
Joaquim Tenreiro (1906-1992), Chaise longue en jacaranda et cannage, vers 1947
©Agence Phar – J. Beylard et V. Luc
Joaquim Tenreiro (1906-1992) est l’un des précurseurs du design brésilien moderne dès la fin des années 1940. Ses créations aux lignes simples sont caractéristiques de ce nouveau style. Sa connaissance du bois lui permet de réaliser des pièces d’une grande qualité d’exécution dans des essences soigneusement choisies, tout en gardant une authenticité brésilienne. Son style pur et élégant rend ses réalisations intemporelles.
Joaquim Tenreiro (1906-1992), Douze Chaises «Estrutural», vers 1947. Structure de bois de jacaranda, assise cannée.
Provenance : São Paulo © Agence Phar – J. Beylard et V. Luc
Créateur prolifique, Sergio Rodrigues (1927-2014) ouvre sa propre galerie, Oca, à Rio de Janeiro en 1955 après une formation d’architecte. À la demande d’Oscar Niemeyer, il réalise le mobilier du Palácio do Planalto, le palais présidentiel de Brasilia, capitale du Brésil inaugurée en 1960. Sa signature unique est celle d’un mobilier vernaculaire et généreux incarnant cette dentité brésilienne qui lui tient tant à cœur.
Quant à Jose Zanine Caldas (1919-2001), la redécouverte de ses meubles-sculptures aux formes massives et brutes, réalisés pour chacune de ses maisons en bois, confirme le talent de cet artiste hors norme, à la fois paysagiste, architecte, designer et sculpteur. Ardent admirateur et défenseur de la forêt et du bois tropical il respecte ce matériau et le recycle dans une démarche écologique dès les années 1960. Avec une sélection de ses pièces les plus emblématiques, l’exposition lui rend un vibrant hommage pour la première fois à Paris.
Carlo Hauner (1927-1997) et Martin Eisler (1913-1977), Important fauteuil « Reversivel » en métal tubulaire et tissu d’origine, 1953.
Provenance : collection privée (Brésil) © Agence Phar – J. Beylard et V. Luc
Installé à São Paulo après ses études à l’académie des beaux-arts de Brera (Milan), Carlo Hauner (1927-1997) débute une carrière de designer avec son frère en rachetant l’usine de Lina Bo Bardi et Pietro Bardi. La compagnie Moveis Artesanal voit le jour en 1951 et produit des pièces sur-mesure commandées par des architectes comme Gregori Warchavchik et Lina Bo Bardi elle-même. Carlo Hauner fait ensuite la rencontre du designer d’origine autrichienne Martin Eisler (1913-1977) et cofonde avec lui la galerie Artesanal en 1953, qui devient la société Forma et produit des meubles au formalisme organique et épuré.
Designer visionnaire, l’italien Giuseppe Scapinelli (1911-1982) œuvre comme architecte pour l’homme d’affaire italo-brésilien Francesco Matarazzo, à l’origine du musée d’art et de la biennale de São Paulo, avant de vendre ses propres créations dans sa galerie, Margutta, et d’écrire pour le magazine Casa e Jardim. À l’instar de Carlo Mollino ou d’Isamu Noguchi, son vocabulaire créatif est à la fois utilitaire, spontané et sculptural.
Giuseppe Scapinelli (1911-1982), table basse «Agua» en bois noirci, vers 1950 Piétement sculptural et asymétrique supportant un cadre de forme libre dans lequel s’insert un plateau en verre. Cette élégante table fait partie d’un ensemble de pièces réalisées dans les années 1950 dans un style organique et fluide, inspiré du mobilier d’Isamu Noguchi. © Agence Phar – J. Beylard et V. Luc
Architecte d’origine polonaise, Jorge Zalszupin (1922-) s’établit au Brésil en 1949. Face à un réel besoin de modernité et de diversification du mobilier réalisé dans des matériaux de qualité, il lance en 1959 sa propre fabrique de mobilier. L’Atelier propose des meubles modernes qui associent les bois précieux au métal, au cuir, au marbre et au béton, dans une volonté de rationalisation de l’usage du bois.
du 6 septembre au 31 octobre 2018